09 janvier 2021
Enfanter

Nous sommes à la campagne depuis hier, Aujourd'hui, remous du côté des affaires d'entraide à l'international. Alors que j'aspire à décanter pour aller vers moi-même, il va falloir se mouiller encore un peu. Déferlement de courriels reçus, relance par texto, décalage horaire et échanges téléphoniques avec une correspondante au Vietnam. Je constate que l'énervement intérieur est toujours là. Je suis loin d'être sereine.

Je relis mes livres de calligraphie. J'ai les outils, je comprend le rituel mais l'état d'esprit n'est toujours pas présent.

Dialogue avec Lui sur ce que je veux obscurément. J'ai pu dire ce que je recherche en utilisant le parallèle exprimé par Nicolas Bouvier: «Avez-vous vu un chirurgien mécher une plaie? Des mètres et des mètres de gaze souillée de pus avant d'arriver au sang frais. Il y a de ça dans l'écriture: une litanie qui peu à peu se débarrasse de tout ce qui n'est pas elle, un flot qui graduellement se purifie. Accepter l'incohérence et l'hémorragie pour vider son être, le pacifier et entrer dans celui des autres.»

Lui a compris le parallèle mais me laissera-t-il aller? Moi-même, je suis mitigée puisque je tiens à mon quotidien aussi. Et puis, est-ce que j'ai vraiment du jus, quelque chose à donner vraiment. Du sang frais, vraiment? Et si je me contente de me laisser vivre au quotidien, un jour peut-être ou dans une prochaine vie ... Au moins il a compris que je tiens à faire le vide pour retrouver une quiétude. Un filon, une inspiration. Non, le matériel est là, il faut juste descendre plus profond dans son propre puits. Trois paragraphes plus loin sur la même page 120 de «Le Vide et le Plein», Nicolas Bouvier: «Mais l'écriture tient aussi de la noyade et du travail de sape.»

Comme une femme qui enfante, trop pleine trop grosse mais la date est passée due. Est-ce une vraie grossesse ou une ectopie?

Je n'arrive pas encore à lâcher ce livre pour passer à un autre. Lecture lente à souhait, comme veut le séminaire de philosophie des derniers mois.

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