30 avril 2010
Constat

Je réalise à peine encore l'ampleur de la glissade, de la léthargie, de la transformation, au fait, je ne sais pas comment qualifier ce qui s'est passé au cours des derniers mois. Il y eut comme des portes qui se ferment alors que rien ne s'ouvre. Ou bien si, certaines ouvertures que je ne perçois plus comme tel. Un rétrécissement, un contentement, un chambardement.

D'abord, je croyais à une transformation de vision. Ensuite à une série de revers. En même temps, je cherche obscurément quelque chose que je n'ai toujours pas trouvé. D'habitude, la vie est ponctuée de signes et de repères, suivis d'actions. Et puis les gestes posés sont à leur tour suivis d'indices qui confirment ou infirment la direction.

Au cours des derniers mois, c'était comme si j'ai perdu mon compas. Pourtant, je scrute la carte, refais les mêmes gestes, cuisine, mange, rentre, sors. Va à mes rendez-vous, au théâtre, au cinéma. D'humeur plus stable, je trouve. Sauf que je ne développe rien. Comme si je suis rendue au bout de ma route.

Lui en peu de mots, disait hier qu'on a pris un coup de vieux. Moi je cherche toujours la cause, ou les coupables. Lasse d'avaler tous ces comprimés, j'ai arrêté depuis deux mois de prendre les oméga-3 et les multi-vitamines, puisqu'il faut bien continuer les autres prescrits par le médecin.

Pour formuler tout ce qui précède, j'imagine que je m'en sors doucement. Avec quelques idées qui se pointent, et quelques projets. En espérant que je vais les poursuivre.

Hier, j'étais encore chez mes parents. Quatre jours de suite. Je commence à être fatiguée de ce régime, et attend les jours libres de la fin de semaine, comme tout bon travailleur. La déchéance de mon père et tous les gestes que nous avons à poser pour l'aider frappent l'imaginaire de tous.

J'avais préparé un smoothie pour lui et moi, au bleuets, mangues et yogourt, pas trop liquide. Il avait fini son verre mais comme il en restait, j'avais pris une cuillère pour ramasser le fond du verre et le lui donner dans la bouche. Il acceptait la cuillerée en disant: «Je ne suis pas ton père!»

Aujourd'hui, nous sommes allés à notre maison du nord. En faisant un petit détour pour visiter sa cousine à lui et son mari. Ils ont eu leur part de revers de santé. Nous avons apporté le repas et les desserts. Dans leur petite maison adaptée à leurs besoins de plus en plus impérieux, ils forment l'image de ce que nous serons un jour. Imaginez toute une société vieillissante ...

Dans la maison silencieuse et froide, je n'ai fait qu'écouter le silence et m'assoupir. Et revoir un film «The Lake House». Et revenir en ville pleine de bonnes intentions pour le lendemain.

Il y a une dizaine de jours, je me suis surprise à attendre que le mois se termine, comme on attend la fin d'un cycle. Voilà que le mois s'achève, tournons la page et recommençons à neuf. De toutes les forces qu'il nous est données et dont nous sommes capables.

J'allais oublier, mais est-ce qu'on oublie vraiment, il y a 35 ans ...

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