10 octobre 2001
Sorties tout azimuts

Un jour bien simple, comme les autres, mais une soirée différente ce soir. Nous sortons avec les trois garçons, ça fait longtemps que ce n'est plus arrivé, à un spectacle d'humour de Daniel Lemire. J'ai les billets depuis deux mois, les garçons, chacun leur tour, déclaraient qu'ils ne sont pas sûrs de vouloir y aller. Mais enfin, ils viennent tous! C'est peut-être l'attrait d'une escapade en pleine semaine! D'autre part, j'ai dû faire reporter une réunion, retourner des billets de concert pour définitivement être libre ce soir.

Nous serons au théâtre d'Outremont, nouvellement restauré et opérationnel depuis quelques mois. Mes fils ont toujours passé devant le théâtre mais n'ont jamais été dans cette salle qui était barricadée depuis des années. Mais mon mari et moi, nous y avons vu nos premiers films ensemble. C'était une sorte de cinéma de répertoire, à cause du milieu, c'était presque dans le vent de le fréquenter. Nous y serons ce soir avec nos fils, et j'ai bien hâte, je ne sais pas si c'est pour La sortie, ou pour Lemire, ou pour voir la salle.

J'ai toujours mon nez bien enfoui dans les différentes lectures sur l'actualité. Avec les journaux, les magazines se bousculent aussi sur le sujet, multipliant les points de vue. Et tous ces articles des journaux français (Le Monde, L'Express, Libération) que Tehu, le blogger, me pistonne. Me voilà qui s'installe, après avoir lavé mes mains noires de l'encre des journaux, devant l'écran pour en lire et ... en relire à haute voix à mon mari. Je me rend compte que mon regard est assez distrait sur ce qui se passe maintenant, sur le terrain, où le géant court, en brandissant son marteau, après la souris qui le nargue toujours, depuis son trou, en lissant sa barbichette. Et les figurants qui dansent tout autour, flattant l'un en ménageant l'autre, dans la danse diplomatique qui caractérise notre civilisation, dualité de bon aloi ou masque à double face!

Derrière cet écran de fumée newyorkaise ou afgane, je cherche une vision, un portrait, le tracé de notre avenir pas si lointain. Voyagerons-nous comme avant, peut-être que non, les images des destinations exotiques sont là déjà, toutes numérisées, prêtes à consommer. Quelle langue apprenons-nous, la chinoise encore, ou l'arabe, au cas où ... La mode vestimentaire se dirige vers quoi? Déjà, samedi dernier, en première page du cahier mode, la mode ... afgane en photos et dans un grand article, avec tous ces mots à consonnance inhabituelle mais qui seront à la mode bientôt. Comme le khaki et le surplus militaire, tout va être récupéré et exploité pour d'autres fins. L'homo est toujours très habilis!

Je ne sais pas si j'ai bien évolué dans la situation, mais on dirait que j'ai changé ... Depuis quand? Je me sens comme spectatrice des affaires du monde. Oui, spectatrice et non partie prenante et impuissante. Peut-être que c'est une réaction de défense! Cette nouvelle position est cérébrale et non émotive, et je ne suis pas supposée être peinée pour l'avenir du monde! Seulement comprendre les tenants et aboutissants! Le pourquoi et le comment des choses ... Je suis donc sortie de ma peau d'humain, j'ai laissé mon coeur au vestiaire, pour seulement comprendre l'aujourd'hui et deviner le lendemain de nos mondes. Comme si j'ai délaissé le côté politique et tragique des choses, pour me tourner vers le sociologique et l'évolution humaine.

Plus près des montréalais, il y a cette élection municipale le 4 novembre, où nous irons choisir un maire pour cette nouvelle grande ville de Montréal unifiée. Il y a ceux qui sont pour, d'autres contre cette fusion "forcées" des municipalités avoisinantes. On dirait que dans l'état du monde des dernières semaines, les affaires municipales manquent d'attrait. Il y a de ces fatalités "mesquines" que l'on subit plus facilement que d'autres, à moins d'être battant de la première à la dernière heure. Battante, moi, depuis toujours, sans être militante en rien, il me semble que là aussi, mon siège de spectatrice est bien confortable. Et je répond à ma question posée plus haut ... depuis quand ai-je changé? Depuis mes cinquante ans je pense! D'une volonté pas nécessairement consciente mais consentante! Peut-être que je suis sur ma route du détachement, en espérant que ce soit le vrai, non le faux-fuyant!

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