17 septembre 2006
Plénitude

La journée d'hier mérite une entrée toute seule, mais j'étais trop fourbue. À preuve, la journée d'aujourd'hui a servi surtout à récupérer!

Hier donc, après une petite matinée de préparation mentale, nous sommes partis tous les deux vers la tortue, toujours sagement garée dans un parking publique. Dans le réceptacle, j'ai commencé par enlever les fleurs kitsch que la dame avait. Et puis je faisais le «helper», montant et descendant, me postant vers l'arrière pour aider le chauffeur à reculer et avancer, etc. Non, une carapace ambulante se conduit tout seule mais ne se dirige qu'en duo! En fait, nous nous concertons d'avance pour les maneuvres. Imaginez qu'en ce samedi matin, nous sommes allés remplir le réservoir d'essence. Les maneuvres furent délicates et la tortue énergivore. Nous avons l'air de compères des quatre cents coups!

Soleil radieux, temps magnifique. Nous sommes allés chercher mes parents qui sont tout émerveillés. Les voilà installés, j'ai pris des photos. Nous sommes allés faire un tour, hors de la ville, le long du fleuve. À Lavaltrie, nous nous sommes postés sur le quai d'embarquement des petites bateaux de plaisance. La tortue a surveillé les montées et descentes de bateaux. Si c'était un bateau que nous avons acheté, je serai là aussi, le matelot. Temps magnifique, je répète. Il y a dans l'air, la frénésie des derniers jours d'été. Voiliers et frégates sur l'eau, l'odeur presque marin, les petites vagues, le plaisir de voir mes parents comme deux tourtereaux exotiques que l'on exporte hors de leur milieu naturel. Il y a, palpable, ce désir de profiter de la vie douce. Chez les joueurs de tennis sur les courts tout près. Chez ces jeunes gens qui viennent en bandes, garer leur voiture sur le quai pour s'attrouper là, lézarder au soleil. Chez ces hommes solitaires, venus regarder les manoeuvres des bateaux, pour mieux voir passer le temps. Chez cette femme, mangeant un fruit, sur le seul banc disponible. Un canard plongeait et replongeait entre les algues.

Dans le ventre de la tortue, je ne suis pas tout à fait vacancière. Mon téléphone a sonné. Je négociais à distance le même dossier qui fait son petit chemin.

Retour en ville à la fin du jour, jusqu'au cocon pour récupérer un document qui est parvenu par télécopie, et ma soupe aux lentilles fait ce matin. Nous sommes allés chez ma soeur de la rive sud, pour manger et montrer la tortue. Et faire signer des documents aussi.

Tard dans la nuit, la tortue retournait au bercail et nous directement au lit. Nous aurions pu dormir dans notre quatrième lit, tant nous étions fourbus.

Aujourd'hui, matin paresseux. Lunch chez mon autre soeur, de la rive nord. Après-midi d'attente, mon dossier se fait languir. Ce soir nous avons soupé chez les fils d'un repas que j'ai vite fignolé. Et puis nous sommes allés voir la première de la saison de «Tout le monde en parle» chez mon autre soeur encore, au coeur de la ville. Au téléphone, mon dossier a fait un autre petit pas.

De la journée d'hier, je retiens surtout ce sentiment de plénitude, cette conviction d'avoir ficeler tous les bouts de notre vie. Il s'agit d'en goûter maintenant toutes les saveurs, avec gratitude. Et voir maturer la vie de nos enfants. Et vivre.

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