17 mai 2006
Madame et son tralala

Ciel pluvieux. Un jour un peu vide. Jusqu'à ce que nous allions au garage pour y faire le ménage. Ce qui veut dire, enfin, se résoudre à mettre au rebut des trucs qui trainent depuis vingt ans. Et se remémorer des splendeurs et misères d'il y a longtemps. Pourtant, nous faisons le ménage du garage chaque année. Si cette chose a survécu à d'autres ménages des dernières années, cela veut dire que nous avons tenu à ces vestiges, à l'écho des souvenirs, jusqu'à aujourd'hui. On ne décape le passé que par couches subséquentes, et on en ressort, non pas neuf, mais allégé. Pour le reste de la journée, flottent encore à la surface du jour quelques relents troubles. Comme si ces objets mis au rebut, attendant d'être cueillis avec les ordures jusqu'au lendemain matin, crient encore leurs regrets, sur le bord du chemin.

Au garage, trainent cinq bicyclettes, pas trop vieux, pas trop neufs, pas nécessairement en état. Il y a celle-là que mon mari insiste encore qu'elle sera parfaite pour moi, le jour où je me remettrai à monter en selle. Enfin, les fils lui ont fait comprendre qu'elle n'est pas parfaite pour moi, à moins que je grandisse un peu. Ce qui n'est pas possible, même si je le veux bien. On dirait qu'il a fini par comprendre enfin que cette bicyclette-là n'est pas pour moi, et cela n'a rien avoir avec ma volonté de remonter en selle ou pas. L'histoire en reste là, la bicyclette est toujours au garage, en attendant des jambes plus longues que les miennes. Vous comprenez bien qu'il n'est pas de mon ressort de décider de son sort.

En après-midi, nous sommes partis en voiture avec trois bicyclettes accrochées sur le support. À la recherche d'un atelier de réparation. Je ne vous raconterai pas toutes nos tribulations. Il nous faut un atelier bien ordinaire. Rien à voir avec ces endroits à la mode qui lèveront le nez sur des bicyclettes bien ordinaires puisque eux, ils ne font que les marques et les bicycles étincelantes qui valent très chères. Enfin, nous avons trouvé une place qui doit fermer boutique dans un mois, qui veut être payé d'avance pour remettre en état les trois pour le prix d'une neuve. Bon! Les fils vont pouvoir sauter les chaines de trottoir encore, pendant un été ou deux, jusqu'à ce qu'ils ne jureront que par les quatre roues d'une voiture. Enfin, c'est ce que leur père prédit. Et moi qui résiste en le menaçant du prix du pétrole ... Entretemps, le deuxième fils vient de passer son permis de conduire temporaire ...

Ce soir, nous avons déménagé les premiers meubles dans le cocon. Le perchoir est vidé de son salon. Alors que les fils poussent et peinent sur le grand sofa dans l'escalier anguleux, défilent devant mes yeux toutes ces réunions et soirées joyeuses dont ces meubles ont été témoins. Même des rencontres de diaristes, mes amis. Mais tout change n'est-ce-pas? Ces meubles trouveront un décor plus exigu, ils perdent leur piédestal et je ne suis pas sûre qu'ils gagnent en valeur. Délaissant des pièces de neuf pieds de hauteur de plafond, pour me recaser dans huit pieds de hauteur, le volume des meubles prend une signification tout autre. Enfin, la litanie des trucs et choses qui me suivent ou pas, qui vont aller à la campagne ou non, est loin d'être finie.

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