20 décembre 2003
Tous les jours se ressemblent

Avant Noël, tous les jours se ressemblent ... et tout le monde aussi! L'immanquable petit tour dans un magasin de prédilection à la recherche de l'hypothétique cadeau, qui serait en solde et qui conviendrait en prix et en esprit, à quelqu'un à qui un cadeau sera incontournable. Autour de vous, comme vous, il y en d'autres qui essaient de se convaincre: "Ah! c'est tout à fait bien pour lui (pour son âge, ou son genre, ou son style!) ou dans un registre moins avoué, pour soi-même (pour mon portefeuille, ou mon goût, ou le message que je veux lui passer!). Et puis ensuite, las de chercher, quelqu'un de chanceux (ou malchanceux!) recevra un cadeau princier en valeur, mais peut-être désastreux, en choix, puisque la patience du magasinage a ses limites. Tout d'un coup là, au milieu d'une allée, vous vous trouvez ridicule avec vos bottes lourdes, votre manteau pesant, et le béret et le foulard (pas les gants, puisque vous avez décidé de les laisser à la maison pour être sûr de ne pas les égarer), bafoué d'incertitude, puisqu'on est jamais sûr de ce que l'on achète, meurtri par tous ces chiffres qui passent sur la carte de crédit, au nom de Noël! Ce monstre gourmand, exigeant, généreux par habitude, égaré par tradition!

Le lendemain, tant que les magasins seront ouverts, tant que le soir de Noël n'est pas rendu, vous repartirez encore, jusqu'au moment où ce sera vraiment trop tard, pour vous dire enfin que, tout compte fait, ce n'est pas nécessaire de trouver la perle rare à cet être peu rare de mon cercle familial et que, en le dispensant d'un cadeau, je le dispense de se sentir redevable. Quoique, par le passé, il n'y a jamais eu signe de remerciement ou d'appréciation, de ces mêmes personnes à qui vous avez, selon les années, achetez un cadeau, un peu gris, un peu terne, un peu passe-partout.

Alors, aujourd'hui, je suis allée dans ce grand magasin de produits pour la maison où je n'ai acheté que quelques babioles pour la cuisine, alors que ma soeur a encore bien dépensée. Ce soir, j'ai fait une autre tournée à la librairie, me retenant d'acheter pour moi des livres encore, trouvant enfin un cadeau justifié pour des neveux turbulents. Demain, j'irai dans un autre magasin ... Mais quoi? j'ai encore le temps, le choix, la dernière chance ... Mais aussi, douze boîtes de biscotti-maison que j'ai commandées pour donner en cadeaux à des clients, mais là, j'ai la flemme de faire la tournée pour les offrir!

Cette nuit, ma fille et son ami sont descendus d'Abitibi. Avant qu'ils ne soient arrivés, mon mari me trouve de bien bonne humeur. Il est sûr que c'est parce que je retrouve ma fille. Mais je pense que c'est parce que je me sens bien! J'ai fixé des chandelles rouges à tous mes chandeliers, mis une de mes très belles nappes. Mon mari passe un dernier coup d'aspirateur, nettoie la salle de bain. Demain, je ferai une dernière tournée à l'épicerie ... et je serai prête enfin, espérons-le, pour trouver LE cadeau pour mon mari à qui je n'ai encore rien trouvé de significatif! Quoique ... nous sommes le cadeau l'un pour l'autre chaque jour de l'année, un cadeau léger ou pesant c'est selon, un cadeau significatif indéniablement, puisque, notre rencontre fut non pas mythique mais déterminant pour le reste de notre vie! Alors donc, si je ne trouve pas quelque accessoire à sa vie, il se contentera de l'essentiel: notre vie tout court, notre vie hors du temps et des saisons!

Il est 1h du matin. Ils viennent d'arriver. Je leur sers du spaghetti. Nous parlons un peu. Mon mari s'esquive pour aller se coucher. Je ramasse les assiettes et la nappe (mise par-dessus la belle nappe, à cause de la sauce à spaghetti). Alors qu'il se couche lui aussi, elle descend voir ses frères dans leur repair. Moi, je termine ces mots. Ce soir, nous serons sept dans ma chaumière, le septième est tout nouveau, tout frais. Mais c'est la vie, c'est l'essentiel de notre vie. Qui sait s'il ne s'avère pas le cadeau du destin. On verra bien!

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