25 novembre 2003
Désincarnée

Épuisante matinée. La cousine est repartie pour Saskatoon, mon mari sort tôt pour ses exercices en plein air. Et moi je pars telle que j'étais vers deux rendez-vous. Il y a longtemps que je ne me suis pas présentée à deux rendez-vous (non pas professionnels, mais quand même associatifs) si peu préparée. J'étais comme désincarnée, flottant au-dessus de tout. Mais quand même, tout va. Cet air absent me donne peut-être un aura prestigieux?

Après-midi plus que jamais aérien, je couve un rhume, je pense. Ou est-ce l'effet de cette ménopause qui s'annonce et qui me rend si émotive, comme au dernier jour de mon voyage en Californie? Mon mari est particulièrement tendre et aimant. Sur lui, je me repose, comme ma main dans sa main, si souvent.

Décès du père d'une amie que je n'ai pu rejoindre avant son départ précipité au Viêt-Nam. Nouvelle du décès d'une bonne connaissance qui a demandé à son fils de transiger avec moi pour ses affaires, après son départ. Mon adresse électronique vient de rejoindre un réseau d'anciens étudiants de mon Université à Dà-Lat, Viêt-Nam. Autant de données tout azimuts pour me décontenancer, alors que je me met peut-être instinctivement dans une attitude plutôt désincarnée pour me tenir au-dessus des flots. Plusieurs détails à régler de tous les côtés. Et puis il se dessine devant moi le chemin d'un retour vers l'alma mater, piste si tentante à suivre que je repousse toujours l'échéancier d'une exploration de l'idée en soi.

Je porte en moi les embryons de ma renaissance. Je n'ai ni la peur, ni le courage de ces changements encore. Voguer doucement vers une vie à deux très simple est une perspective aussi inspirante que de se lancer vers un chemin du dévouement, du don de soi pour la collectivité, en ma terre natale, ou pour mon pays d'adoption. Il s'agit de croire en ma destinée, mais je n'arrive pas à trancher encore. Déposer les armes, ou reprendre le chemin d'une croisade?

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