15 novembre 2003
Mi comme dans demi

Mi novembre, ciel bleu, temps froid. Mi-jour, le Salon du livre n'est plus pour aujourd'hui, puisque nous avons profité de l'après-midi tranquille et l'absence des fils ... Et puis, nous venons de nous souvenir de l'invitation à souper chez des amis, oubliée de l'agenda comme de notre mémoire vagabonde. Heureusement, nous sommes encore au milieu de l'après-midi ...

Échanges électroniques avec un ancien copain de lycée d'il y a trente-cinq ans, d'université d'il y a plus de trente ans. Au mi-temps de ma vie, le poids des ans me fascine toujours. Bilan mi-parcours de ma part: mariée à un étranger (c'est important le contexte), 4 enfants (j'ai arrêté de préciser la fille mariée elle-même de 23 ans, puisqu'il faudrait maintenant que j'ajoute: séparée, et encore dans quelques mois: divorcée!). De sa part: deux enfants, journaliste indépendant. Tiens, il n'a pas mentionné la mère de ses enfants. Remarquez que dans ce genre de bilan, on ne présente que ce qu'on est fier.

Par le biais du précédent copain, retrouver la trace d'une très bonne copine émigrée en Norvège. Je n'oublierai jamais qu'en 1975, évacuant de ma ville de Dà-Lat vers Saïgon, en faisant le détour par la côte, elle faisait évacuer la voiture familiale par un bateau de plus grand tonnage que le bateau de pêche qui nous transportait. C'est fou comme des détails bizarres nous reviennent quand on leur ouvre grande la porte ... Un détail comme le fait que le précédent copain était en froid contre moi depuis plusieurs mois avant que les événements d'avril 75 ne nous séparent pour de bon, comme le fait qu'il me faisait une cour discrète, si discrète que je n'avais rien su, jusqu'à ce que je remontais le cours des faits pour reconstituer les actes, et ce, après le froid. Arrivée ici, à 24 ans, sans jamais eu de fiancé ni prétendant officiel, vous pensez bien que j'ai eu le temps de regretter cette histoire jamais commencée!

Voyez comment le passé s'engouffre en raffales! C'était il y a longtemps ... Au mi-temps, les souvenirs de jeunesse sont-ils sensés de revenir en force? Comme le retour de la porte battante! Remarquez que je ne ressens pas les émotions que vous pensez éprouver en pareille retrouvaille, mais la nostalgie d'un temps révolu, que ce soit en mieux ou en pire. J'étais jeune alors, pleine de rêves, ne pensant même pas au bout de ma route. Aujourd'hui, j'entrevois la fin de ma vie, les rêves qui rétrécissent, les limites qui s'imposent, ... Déjà, l'expression "mi-temps" est d'une vérité douteuse, puisque je doute vraiment de vivre jusqu'à 104 ans ... Mais faisons un peu comme ce riche monsieur qui a bien voulu répondre en entrevue l'autre jour lors d'un reportage du journal La Presse. À la question, comment définir la richesse, selon lui. Au lieu de mentionner tous ses avoirs et son empire en affaires, il a répondu la santé, puis il a fait le calcul du nombre de fins de semaine qu'il lui reste avant l'âge de 70 ans (après 70 ans, on en jouit moins qu'il dit). Il lui reste 550 fins de semaine à vivre pleinement, je me rappellerai toujours. Et bien, il m'en reste près de 1500 semaines si je vis pleinement jusqu'à 80 ans (voyez comme je suis optimiste), en santé, selon sa définition.

Ce qui me rappelle à ce que disaient mes vieux parents, au cours du dernier voyage clanique en Californie: Avant, ils étaient deux parents avec neuf enfants, aujourd'hui, ils sont deux enfants, avec dix-huit parents! Le retour de la porte battante, vous dis-je.

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