28 avril 2003
L'ordinaire

Je ne m'explique pas toute cette fatigue. D'accord, je suis plus active mais quand même, suis-je si rouillée? Tout s'explique: je pensais en avoir fini avec mon cycle menstruel, mais non, c'est reparti! Je suis un peu déçue, mais bon, ce n'est qu'un sursis!

J'ai hésité avant d'écrire ce qui précède. Premier réflexe: à qui cela intéresse-t-il? Puis je me suis ravisée ... Est-ce que je n'écris pas pour marquer les jalons de ma vie, plutôt que pour me rendre intéressant à un lecteur? Le premier n'exclut pas le second, remarquez. Alors voilà, je suis au seuil d'un changement important dans la vie d'une femme, je le note au moins. D'autant plus que dans la surabondance des informations et des incidents au quotidien, la notion exacte du temps se perd et l'on a de plus en plus besoin de repères pour au moins se comprendre.

Au début de ce journal, j'étais plus orgueuilleuse de mon écriture, aujourd'hui je suis fière de mon cheminement, quant à mon écriture, je l'assume, c'est tout. Depuis que j'écris chaque jour, c'est mon journal de bord que vous lisez, avec ses menus détails, ses courants contradictoires et son ordinaire. Parfois je révèle un détail intime, d'autres fois j'exprime une opinion. Et je me fais critique culinaire, littéraire, culturelle, en plus d'être grincheuse, bonasse et rêveuse. L'ordinaire et l'humain. Et je plais à certains qui me lisent fidèlement: "Thank God!" Vous apportez une dimension, sinon spirituelle, sûrement de partage, un but tacite de ce journal en ligne. Alors qu'à l'origine, j'avais peur de vous, lecteurs, peur de vos interventions, de vos réactions, du rejet en fait. Sous couvert de préservation de ma liberté, je vous ai maintes fois demandé de vous faire invisible. Je n'ai quand même pas changé du tout pour tout. Mais aujourd'hui, certains de vos messages très discrets et parcimonieux me font toujours sourire, toujours plaisir. Maintenant que je m'assume de plus en plus totalement, vous ne me dérangez plus. Votre présence tacite est donc assumée aussi. Mais je ne peux (ni ne veux) toujours pas soutenir des échanges régulières, fussent-elles virtuelles et intellectuelles. Je suis effrayée de l'ampleur et de l'importance que ces échanges prennent chez certains. Ces derniers sont vraisemblablement généreux et innocents, sûrement plus libres, plus jeunes et plus modernes que moi. Alors que je me considère égocentrique et bornée pour investir ici du temps et de mes pensées profondes. Du temps que j'aurai pu passer avec mes vieux parents par exemple, ou à faire du bénévolat. Des pensées profondes que j'aurai pu partager avec mes soeurs, mes frères, mes amies en chair et en os, ceux et celles qui ont toujours été là pour moi, pour le meilleur et pour le pire.

Il en résulte qu'aujourd'hui je me décrierai comme fille, femme, épouse, mère et diariste. Être diariste c'est bien un état d'être, et non une occupation. L'état diariste fait partie de mon ordinaire tout simplement.

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