02 mars 2003
Prolonger le jour

La nuit dernière je ne me suis pas couchée jusqu'à tôt ce matin. C'étais moins pour prolonger le jour que pour continuer à savouer des moments de lucidité. Je cherchais le journal de Virginia Woolf, je trouvais sans le vouloir "La femme entière" de Germaine Greer. Comme les livres dégringolaient de leur position précaire sur les tablettes de la garde-robe, je les ai tous passés en revue et ... réempilés dans un ordre différent. C'est pas compliqué: la double pile de ma collection de journaux intimes publiés, la grosse pile des essais humanistes, la vingtaine de romans à lire encore. Je ne sais plus ou trouver la base de données, inventaire assez avancé de mes livres. Il me semble que, là-dessus, je suis constamment dans un travail inachevé.

J'ai enfin lu le beau petit roman "Soie" de Alessandro Baricco, d'une sobriété et d'une beauté indescriptible. Une histoire d'amour et de loyauté. Une histoire inspirante pour quelqu'un qui croit au roue de la réincarnation, bien que l'histoire ne traite pas du tout de la question. Une histoire à se frapper la tête contre le mur si l'on croit plutôt à l'unicité de chaque vie. Encore un livre qui se glisse sous la peau du lecteur, juste entre la peau et la chair.

Aujourd'hui, l'hiver a repris ses droits, une toute belle neige tombe sur la ville. Mes fils et moi nous cocoonons, en attendant le père. Nous partirons vers le Nord si tout va bien. Quelques jours de ski, un peu de détente. Une de mes soeurs, celle qui est toujours chez moi, surtout depuis les trois derniers mois de nomadisme, est partie en Espagne avec sa petite famille. J'en ressens curieusement et simultanément, et la paix et le vide. Peut-être pourrai-je continuer à prolonger le jour, poursuivre les lectures et reprendre ce tricot délaissé depuis quelques semaines. Pour parachever la vie ou défier la nuit!

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