J'étais, je suis ... je serais toujours avec ces clients, cette semaine. Au moins ils sont de commerce agréable, et moi qui fait tout pour leur faire la vie facile, c'est-à-dire, le chauffeur, le facilitateur, l'entraîneur, le conseiller, etc. Après mon faux départ du 1er août, me voilà toute ouie et toute appliquée au travail ... Hier, profitant d'une accalmie, je proposais une tournée au Dairy Queen, donc une tournée de cornets de crème glacée, mais les garçons ne s'excitent plus pour si peu, et ils sont occupés à ne rien faire. Voilà trois jours que je rêve d'aller vers le nord, mais je ne pourrai pas ... Tous ces films au cinéma, et surtout l'envie de partir, la main dans la main, avec mon mari à cette exposition florale, etc. C'est quand on est occupé que l'on regrette d'autres activités. D'autre part, on ne fait rien précisément quand on a tout notre temps. Nous sommes ainsi faîtes! Toujours en projection vers l'avant, toujours en regret pour le temps qui passe! Ce qu'un client ne réalise pas, c'est que, hormi le temps qui lui est consacré, il y a toute cette quête qui nous habite, jour et nuit, le rêve d'un dossier parfait, dans lequel toutes les parties concernées en sortent heureux et satisfaits. Pour un vieux routier comme moi, ce n'est plus qu'un dossier complété, mais un cas de plus, un trophée d'ajouté à toute une feuille de route où les quelques dossiers malheureux hantent encore, après des années. Nous sommes ainsi faîtes, encore une fois, que les blessures demeurent, irritants et suintants, bien plus longtemps que le souvenir des moments heureux qui passent, comme une brise par temps arride. Ce qu'un client ne réalise pas non plus, comme tous les amants infidèles, c'est que lorsqu'il te quitte, il ne fait qu'actualiser le cauchemar de tout un chacun d'être mal aimé, mal compris, et le spectre du rejet t'amène à te donner plus encore, et plus encore, au prochain qui passe et qui menace, rien que par sa présence, un autre abandon! Même après vingt ans de métier, je me blesse encore et toujours, mais je ne me résous pas à me blinder, à tenir mes distances et traiter un client comme un cas qu'on se débarrasse pour mieux recevoir d'autres. Alors un client, ce n'est pas un client, surtout pas un dossier, mais plutôt une aventure, un flirt, une liaison, qui aboutisse à une fleur, un chant du cygne ou un abandon brutal! Un client, ce n'est surtout pas un gagne-pain, mais une paire de claques ou un bouquet de fleurs. Entre les deux, il n'y a pas de salut! hier consulter les archives demain
|