18 mars 2001
Le cahier rouge commenté

Aujourd’hui, je n’ai pas sorti ni ne me suis habillée. Et je me suis mise à travailler sur mon cahier rouge. Depuis quelques mois, je me suis laissée aller à négliger ce retour vers mon passé de l’année 1974-1975, un an avant mon arrivée à Montréal.

Au fil des incursions vers le passé, des mauvais souvenirs comme des bons reviennent me hanter. Quand je me sentais moins bien, je ne pouvais assumer l’histoire d’il y a vingt-cinq ans. Mais depuis quelques semaines, je vais bien et j’ai mis à profit cette fin de semaine de répit! J’ai envie de faire quelques précisions, pour le bénéfice des braves et patients qui lisent mon cahier rouge de temps en temps …

Quand j’allais mettre aux clous, c’est-à-dire aux prêteurs sur gages, des lingots d’or, ces fortunes ne nous appartiennent pas. Nous avions une amie de la famille qui nous les avait prêter dans ce but précis. Mettre aux clous ce qui ne vous appartient pas, avec la bénédiction du propriétaire! C’est pathétique mais il fallait se débrouiller! Cette dame était l’épouse d’un ancien professeur du lycée. Ils auraient voulu me présenter à leur fils qui était en France. Cette famille doit être aujourd’hui quelque part dans ce coin du monde, et je pense à eux de temps en temps.

J’avais des cours à l’université, parfois pendant la fin de semaine, c’était parce que certains professeurs venaient de Saigon. De temps en temps, ils faisaient la tournée du Viêt-Nam, d’université en université pour dispenser leur cours. Quand ils venaient, c’était une vingtaine d’heures de cours d’un seul coup. Ils venaient peut-être deux fois par année.

J’étais toujours entrain de nager dans mes notes de cours parce que je n’assistais pas à tous mes cours. Vous comprenez bien que, lorsque j’allais donner des cours de langue pour gagner quelques sous, je manquais les miens! Qu’est-ce que j’étais brave! Avec l'énergie du désespoir!

Les films étaient très importants pour moi, c’était ma fenêtre vers le monde! Venant d’un lycée français, la culture générale était ma passion. Confinée dans des études de sciences, dans une université viêtnamienne où peu de gens connaissent l’anglais ou le français (sauf les professeurs qui ont étudié à l’étranger, ou certains religieux), j’étouffais à petits feux!

Au plus lointain de mes souvenirs, j'ai toujours été fasciné par des hommes cultivés et brillants, alors bien sûr, j'ai toujours été fasciné par certains professeurs. Qui d'autre? C'était le désert autour de moi! Sauf quelques officiers verbeux qui flattaient bien mon orgueil, sans plus. Alors oui, le prof. D. de cartographie était fascinant. Il était marié mais qu'importe, je ne faisais que discuter beaucoup avec lui. Son esprit m'intéressait. Je ne me souviens même plus de quoi il a l'air physiquement!

.... J’espère rattraper le retard sur les entrées de mon cahier rouge d’ici le 18 mai, … avant que je n’entame quelque autre projet ambitieux, vous commencez à me connaître maintenant!

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