18 février 2001
Cinquante

À cinquante ans moins deux jours, j’avais passé la moitié de la nuit à jongler avec mes dossiers dans la tête. À cinquante moins une nuit, hier donc, j’ai parcouru la ville pendant quinze heures pour ces mêmes dossiers, à grand renfort de mouchoirs de papier, le nez tout rouge, l’esprit au jello, comme dans un rêve au ralenti.

Ce matin, à cinquante tapant, je me disais que ce n’est pas une bonne idée du tout, cette réunion de famille chez ma sœur pour me fêter. J’aurai préféré rester au lit! Et puis j’espère qu’ils n’ont pas décorer la maison de ballons et de flaflas, ce serait gênant et ridicule. Et les cadeaux, il me semble que je redoute de recevoir babioles et inutilités qui ne me plaisent pas vraiment, alors qu’elles ont coûté chères aux acheteurs. Me voilà difficile comme une vieille chèvre, vraiment je préfère ne pas recevoir de cadeaux que de recevoir des cadeaux passe-partout!

Alors, à la fin du jour, j’arrivais chez ma sœur. En rentrant je constate : pas de ballon, pas de flafla! Good! Puis je vois du coin de l’œil, une carte qui change de mains. Sur la table, un seul cadeau! (les autres doivent être entrain de se faire emballer en haut, dans les chambres!) Bon, malgré le rhume et le mal de tête, je souris et je m’asseois au bout de la table. Encore un autre sourire pour la caméra! Je dois être un peu verte et décoiffée, mais tant pis! Très bon souper, très bon climat général où règne la bonne humeur sans ostentation! Une sobriété qui me plaît absolument, moi qui redoutais le ridicule de la situation!

Après le repas, juste avant le café, une frénésie imprègne l’atmosphère. On me fait me rasseoir et je reçois des cartes de souhait que je n’ai pas l’habitude de recevoir : la première carte de tous les temps m’appelant « ma chère tante » signée par les enfants, même par celle qui ne sait pas encore écrire! La carte de mes fils me donnant du « mère extraordinaire »! La carte de leur père m’appelant « son amour »! Et la carte de tous mes frères et sœurs (les parents aussi) me souhaitant un autre demi-siècle! Je lisais les cartes et je n’ai pas pleuré, je vous assure! Puis les cadeaux, deux en fait, une paire d’assiettes de collection de la part de mon mari et de ses fils, et un seul cadeau de tous les autres : une magnifique bague montée d’une pierre de jade d’un vert translucide, sertie de diamants. Une bague qui a fait le voyage depuis la Californie pour l’occasion! Je suis bien sûr très contente mais pas surprise, mes sœurs me connaissant bien!

Rideau sur mes cinquante ans! À moi, les cinquante autres (quoique je n’y crois pas comme aux premiers cinquante, soyons réalistes!).

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