26 mai 1999
Stella et les autres

Stella était la presque première amie que je me suis faite ici, il y a plus de 23 ans. Italienne du Nord, de petite taille, blonde de surcroît. Ses trois enfants de l'âge des miens aujourd'hui! Je n'ai jamais connu son premier mari mais son conjoint de l'époque était aussi un ami.

Stella m'avais faite manger de la salade aux feuilles de pissenlits (non, pas les racines!). Stella qui m'a faite une place à sa table, plus d'une fois! Je me souviens encore de l'assiette devant moi, un "hamburger steak", petite portion triste! Des années plus tard, lors d'une de ces périodes creuses pendant l'une des quelques récessions de la dernière décennie, en dosant parcimonieusement la grosseur des boulettes de steak haché que je faisais à mes enfants, j'ai enfin compris la valeur de la générosité de Stella qui a dû rapetisser les boulettes de tous pour faire les miennes. Mille Mercis encore, Stella.

Stella qui a habité dans mon nouveau monde, au Nouveau Monde de l'Amérique, tour à tour comme une grande soeur, comme une conseillère (pour mon premier party de Noel de bureau, ma première robe longue comme il se doit à l'époque!) puis comme une amie d'égale à égale. Plus je prenais des plumes, au fil de mon intégration à Montréal, plus les distances se sont installées. Je crois que Stella était demeurée la même. C'était moi qui avait "grandi". Mon monde devenait de plus en plus peuplé, d'une peuplade de plus en plus bigarrée. À cette époque et à d'autres plus tard, j'avais ouvert mes frontières à bien du monde. L'acculturation à bras le corps! C'était bien, c'était nécessaire. Mon seul regret c'est d'avoir perdu de vue mes premiers habitants! Avez-vous vu ma Stella quelque part?

Je me souviens encore: avant de l'avoir égarée, je n'ai plus réussi à supporter l'âpreté de Stella, sa circonspection, son négativisme, etc... Comme on le fait souvent avec un vieux parent! Pendant longtemps je n'ai plus pensé à Stella. Un jour, elle m'est réapparue comme ça, lors d'un rêve éveillé. Maintenant j'ai devant les yeux son nez aquilin, j'entends le son de sa voix... ainsi que les silences entre ses phrases.... le fond de musique classique dans son salon très dénudé... Stella de mon "enfance" nord-américaine!

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